LA POÉSIE ET MOI - Page 1 - de MIGUEL OSCAR MENASSA traduit de l'espagnol par CLAIRE DELOUPY 2 LA POÉSIE ET MOI MIGUEL OSCAR MENASSA Madrid, 2011 Diseño de portada: Clémence Loonis Traducción Claire Deloupy con la colaboración de Clémence Loonis 5 DÉDICACE Je dédie cette esquille atomique au siècle. 6 25 AVRIL 1982 MADRID FÊTE DE PRÉSENTATION EN SOCIÉTÉ 7 25 Avril 1982 JE NE SAIS RIEN DE LA MAGIE Je ne sais rien de la magie qui transforme ma propre chair en vers. En tombant à Madrid fuyant ma Patrie plus qu'un chemin plein d'aventures j'ai choisi le chemin radieux impraticable de la poésie. Où tout cesse d'être ce qu'il est. Les noms propres sont des mots et les sentiments bien que violents finissent par broder les mots. Le ciel pour la Poésie n'a pas de contenu il n'a que quatre lettres et c'est bien quand la phrase a besoin pour continuer d'un mot de deux syllabes. 8 25 avril 1982 LA MORT M'ACCOMPAGNE Je suis un misérable ver de terre qui essaie de s'arracher la peau alors que sa peau, c'est lui. Fatigué de plonger vers l'intérieur. Immobile. Attrapé par le manque de ciel de tant plonger vers le bas. Les vêtements élimés par les fouilles la vue aveuglée par la poussière marine et les circonstances. Je sais que d'autres injustices sont tombées sur mes yeux pour les aveugler en mon absence. Les yeux élimés de ne pas voir les mains attachées dans le dos par les dictatures. Habitant du sud j'ai les jambes coupées par les démocraties. Alors, maintenant dans un bar du centre de Madrid je m’assiérai et j'attendrai que tout se détruise. Ensuite je choisirai parmi les décombres les pierres fondamentales de mes vers. Je commencerai par dire: Je suis le Poète. L'Europe devra mourir entre mes bras entre les sons de mes petites griffes latines. Seul avec la mort sur la plaine nacrée je suis le cavalier mort qui galope et l'impact fatal sur le cavalier. Je suis le cheval noir qui galope et la mer ouverte 9 aux latitudes de la folie à ce qui est tout simplement inconnu. Je suis le vertige des mots qui ne m'appartiendront jamais et elle, celle qui m'accompagne la mort. Que veulent-ils de nous? Moi, je suis un misérable ver de terre et elle, ma bave. Arpège note laissée de côté et elle, un territoire où seule la mort fait l'amour. Je suis un artiste un homme avec des sentiments faibles interchangeables soif de ce qui est différent et elle, elle est l'art qui se sachant supérieure est indifférente à tout. Parfois nous allons dans la ville comme si Elle et moi nous étions le monde. Vous vous rendez compte quelle férocité élimée quel regard aveugle. Elle, elle m'achète des pommes et moi je les mange comme si Elle était ma mère. Vous vous rendez compte quelle sagacité quelle brume. 10 25 avril 1982 CONSTRUISANT UN AMOUR Je ne suis pas émerveillé par ma vie. Je suis terriblement surpris par ma vie. Comme si j'avais vécu pour d'autres et maintenant je ne sais que faire avec tout ce vivre dont personne ne veut. Anthropophage des heures libres en moi vit l'horreur. Mort je ne veux pas te maudire parce que d'autres t'ont maudite et dans ma folie pour ne pas faire ce qui est fait mort aimée je te bénis je rêve à tes côtés de nouvelles ombres d'amour. Bien aimée je te dédie ce poème maltraité par l'or et la luxure de manger et boire. Je te dédie ce poème comme on dédie des semences obscures. Me voilà bien aimée avec la mort construisant un amour que personne n'a pu. 11 25 avril 1982 ATTACHÉ PAR MES VICES Attaché par mes vices à de sordides chaînes je me cache pour ne pas être le vol des oiseaux. Au bras de la mort j'arrive enfin à la ville. Il vient du sud diront-ils c'est le poète. Son amour aime la guerre et il est arrivé à la ville accompagné par la mort. 12 25 avril 1982 ATHLÈTE DE MOI-MÊME Je commence par produire mes désirs. Vastes lunes mouillées par les pluies précises de l'été cet été-là où sanglant et taciturne j'ai embrassé ton nom caché entre les pierres. Des saphirs des émeraudes enrouées par le manque d'amour entouraient ton corps. C'était beau de voir comment tu mourais entre la blanche écume de ta rage. Athlète de moi-même corporel même dans mes mots j'ai aimé tant de beauté et je t'ai sauvée. 13 25 avril 1982 IL Y EUT DES JOURS ET DES NUITS Il y eut des jours et des nuits où je ne trouvais pas de consolation et les vers se heurtaient comme des chevaux furieux dans mes mains et de ma bouche jaillissaient les mots comme des cataractes de feu. Ces jours ces nuits où la page écrite était l'unique survivant.
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