Vers Compostelle IV - Page 8 - Suite du chemin - Pèlerinage vers Compostelle 4ième étape De st Jean Pied de Port à Puente La Reina Jeudi 1er Juin 2017 La nuit a été courte, je me suis réveillée à 4h ce matin. Nous nous retrouvons à l’arrêt du tram de Lattes dès 5h. Le premier départ du tram est à 5h30. Il fait encore nuit à cette heure-ci. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles, je suis tellement heureuse, enfin le projet se réalise, j’ai le baume au cœur. Nous sommes, cela va sans dire, bien équipées avec la panoplie complète du randonneur et assez fières, je crois, de partir en pèlerinage. C’est sans encombre que nous arrivons à la gare de Montpellier St Roch. Nous prenons un TER OCCITANIE pour aller à Toulouse-Matabiau, puis ce sera un autre TER pour nous rendre à BAYONNE. Après, il nous faudra encore une heure de voyage pour arriver à St Jean Pied de Port. BAYONNE : La gare est vétuste. Nous en sortons pour aller acheter de quoi manger. Il fait chaud. Nous trouvons avec peine une boulangerie traditionnelle après avoir traversé des rues en travaux, bruyantes, sans attrait. Il n’y a rien dans la gare pour les voyageurs qui comme nous voudraient s’offrir une collation, un petit encas, entre deux départs de train. Il n’y a même pas un point d’accueil. Nous retournons nous installer dans la gare manger notre sandwich pris à la boulangerie et une petite friandise, spécialité de la région que la vendeuse nous a offert à chacune. Je reçois un SMS de la propriétaire du gîte : « Bonjour Mme R … , je suis Lydie du gîte Compostella. Exceptionnellement, nous ne pourrons être au gîte qu’à 19h, néanmoins vous pourrez vous installer dans la chambre 102 (1er étage) chambre à droite. Votre nom et la clé sont sur la porte. Installez-vous, douchez-vous si vous le souhaitez et ensuite, pouvons-nous nous voir à mon retour à 19h ? Si l’horaire ne vous convient pas, merci de me le faire savoir et on s’arrangera. Je reste à votre disposition. A tout à l’heure » Je lis ce message à haute voix. Ginette est surprise par tant de considération. Cela anime notre discussion pendant que nous attendons l’heure pour le train de Bayonne via St Jean Pied de Port de 14h55, nous y serons à 15h54. Le gîte est à 10 minutes de la gare. Je nous ai réservé une chambre à l’avance dans le même gîte que celui où j’ai dormi avec Marie-France en 2015 (dernière étape) (https://www.wobook.com/WBFy42j1XM7X/Un-deux-trois-vers-compostelle-III.html). Cela me fait un bien fou de reprendre le chemin là où je l’ai laissé exactement. Ce choix, je l’ai fait après réflexion car le voyage en train depuis Montpellier est long, il est plus raisonnable de se poser pour passer une bonne nuit afin de partir en forme dès l’aube pour affronter la montée vers Roncevaux. St Jean Pied de Port C’est dans la ville haute que se trouve la porte SaintJacques que les pèlerins franchissent avant d’emprunter la route d’Espagne et de passer le vieux pont sur La Nive (d’origine romaine, rebâti en 1634) pour continuer leur route vers Roncevaux et l’Espagne. Cette petite ville au pied du col de Roncevaux (Col de Cisa également) est la dernière station des trois routes de pèlerinage françaises avant de franchir les Pyrénées vers l’Espagne. Lorsqu’elles marchent sur l’Espagne, les troupes napoléoniennes choisissent le meilleur chemin stratégique via le col de Lepoeder, aujourd’hui connu sous le nom de Route Napoléon. On parle basque des deux côtés de la frontière, on y cultive les mêmes traditions comme par exemple la pelote, le mélange de tennis et de squash joué à la main. St Jean Pied de Port a été déclaré par l’Unesco héritage culturel mondial. Il y a beaucoup de pèlerins qui comme nous cherchent leur gîte ou accueil pour la nuit. C’est le chauffeur du petit train de la ville qui nous renseigne. Il nous donne un plan pour nous permettre de nous orienter plus facilement. Nous allons déposer nos bagages et partons à la découverte de l’endroit. Nous achetons des cartes-postales que nous postons aussitôt après les avoir écrites, elles auront ainsi le tampon du lieu. Ginette fait quelques photos et chemin faisant, nous nous arrêtons dans une superette pour acheter notre pique-nique pour demain. Avant de rentrer, nous visitons l’église, faisons brûler des cierges. Il est 19h et sans plus traîner, nous regagnons le gîte, nous passons au bureau pour faire tamponner les crédences et repartons repérer le départ du GR65, route Napoléon après les indications données par le gérant à l’accueil. La soirée est douce. Je m’exclame : « Ginette, regarde comme c’est beau ! ». J’admire les formes environnantes qui baignent dans une lumière de soleil couchant. De retour au gîte, j’écris quelques lignes. Ginette prépare une infusion que nous apprécions avant de nous mettre au lit. Le couchage est rudimentaire, je me complais dans ce détachement momentané de confort. Je garde les yeux mi-clos dans cette chambre éclairée par une lueur lunaire qui filtre à travers les persiennes des volets clos. Il n’y a aucun bruit, je médite. Le silence n’a pas de valeur en soi, mais il est nécessaire dans ce monde turbulent. Il m’invite à la réflexion philosophique. Je ferme les yeux, sans m’en rendre compte, je m’endors. Vendredi 2 Juin 2017 Aujourd’hui, notre étape sera longue et difficile : St Jean Pied de Port => Roncesvalles, 26,9 km. Il nous faut compter 7h de marche. La nuit a été courte. Il est 4h du matin quand je me lève, puis Ginette se réveille. Nous nous préparons et décidons d’un commun accord de partir dès 5h. Nous avons le choix entre deux points de départ, col de Roncevaux ou col de Somport. Les deux chemins se rejoignent à Puente la Reina. 65 km, trois jours sont nécessaires ou même une journée supplémentaire. Il fait encore nuit à cette heure matinale mais la météo est bonne. Nous avons choisi de faire la randonnée en juin car à cette époque, les températures sont supportables et les journées sont assez longues ; tout en sachant qu’en Galice, il faut s’attendre à de la pluie à longueur d’année. Nous avons besoin de la lampe frontale et d’une torche pour nos premiers pas sur la route pour lire sur le panneau : « chemin de St Jacques ». Nous marchons tout droit sur la rue qui monte en pente raide. A partir d’ici, les repères rouges-blancs du chemin de grande randonnée GR65 indiquent l’itinéraire à suivre. Au bout d’une heure, on lit sur un poteau indicateur : Roncevaux/Orreaga. Nous continuons jusqu’au hameau du quartier Huntto. Le chemin se fait de plus en plus raide et les jambes de plus en plus lourdes. Il nous faut gravir cette pente avant de prendre un petit raccourci via un sentier herbeux qui retombe au bout d’une demiheure juste avant une fontaine et une pancarte d’informations sur une petite route. Après un quart d’heure, le café panoramique : « Auberge Orisson » nous invite à faire une pause. Les pieds ont besoin de respirer. Cette halte nous permet de contempler le paysage. Nous sommes de bonne humeur, déjà heureuses de franchir cette première étape. Nous en profitons pour remplir nos gourdes à la fontaine publique. Je m’assois dans l’herbe pour boire un café, Ginette fait des photos. Des odeurs de feuillages humides montent jusqu’à mes narines. Le chemin traverse une vaste zone de pâturages sur lesquels paissent les brebis.
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