Vers Compostelle IV - Page 4 - Suite du chemin - Pèlerinage vers Compostelle 4ième étape De st Jean Pied de Port à Puente La Reina Juin 2017 Ginette est une amie de Lattes (Hérault) avec qui je fais de la randonnée tous les mardis. Je lui parle de mon désir de poursuivre le projet commencé étape après étape depuis 2013. Combien ma déception fut grande de ne pas y avoir été l’an dernier en 2016 ! Je l’invite à marcher avec moi. Elle hésite d’abord, mettant en avant la crainte de ne pas pouvoir tenir la cadence sur 20 à 25 kms plusieurs jours d’affilée. « -Je ne veux pas te freiner » dit-elle. Je la rassure en lui disant que le chemin est faisable même pour les marcheurs non entraînés. Elle est habituée à faire de longues distances une à deux fois par semaine et des randonnées de plusieurs heures. Elle a la condition physique requise. J’ajoute que le chemin est jalonné de superbes sites naturels et culturels et de ce fait, ils rendent la marche intéressante et agréable. Les paysages sont magnifiques, c’est une découverte tranquille et riche. Ce que l’on ressent sur le chemin est difficile à expliquer tant qu’on n’en fait pas soi-même l’expérience. Je la convaincs quand je lui dis que nous n’allons rien réserver, que nous marcherons à notre rythme, et qu’ainsi, nous pourrons nous arrêter quand nous en ressentirons le besoin, en fonction de la météo, de la fatigue. Nous porterons notre sac sur le dos. C’est, j’en suis sûre pour l’avoir expérimenté, un avantage d’amener ses affaires avec soi. Il suffit, pour éviter de porter un bagage trop lourd sur les épaules de prendre le minimum nécessaire. Ginette est rassurée. Persuadées toutes les deux que nous sommes capables de vivre cette expérience ensemble, nous fixons la date du départ sans songer à celle du retour qui dépendra de notre volonté à poursuivre la route au fil des jours. Nous avancerons comme deux compagnons partis à l’aventure, solidaires. Je viens vous livrer le quatrième épisode vécu su ce chemin de St Jacques de Compostelle. C’est ce projet, cette année 2017, un peu fou, peut-être peu raisonnable que je m’en vais vous débiter jour après jour. Mon expression est toujours naïve mais ce qui est important, c’est qu’à travers de simples mots, vous puissiez voir les images de ce que vous lisez. J’en ai, j’ose le dire, l’assurance : c’est la manière dont quelque chose est raconté qui beaucoup plus que la matière, de tout récit fait la beauté. C’est à l’église St Roch de Montpellier que Ginette se procure le passeport, carnet de pèlerin de St Jacques. « Credencial del Peregrino » Il permet d’identifier le pèlerin. Il sert deux objectifs : 1/ L’accès aux refuges qui offrent l’hospitalité du chemin. 2/ L’obtention de la « COMPOSTELLA » à la cathédrale de St Jacques de Compostelle. Je donne à Ginette une coquille pour qu’elle l’accroche à son sac à dos. Elle est le signe particulier du marcheur sur le chemin. Jeudi 1er Juin 2017 La nuit a été courte, je me suis réveillée à 4h ce matin. Nous nous retrouvons à l’arrêt du tram de Lattes dès 5h. Le premier départ du tram est à 5h30. Il fait encore nuit à cette heure-ci. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles, je suis tellement heureuse, enfin le projet se réalise, j’ai le baume au cœur. Nous sommes, cela va sans dire, bien équipées avec la panoplie complète du randonneur et assez fières, je crois, de partir en pèlerinage. C’est sans encombre que nous arrivons à la gare de Montpellier St Roch. Nous prenons un TER OCCITANIE pour aller à Toulouse-Matabiau, puis ce sera un autre TER pour nous rendre à BAYONNE. Après, il nous faudra encore une heure de voyage pour arriver à St Jean Pied de Port. BAYONNE : La gare est vétuste. Nous en sortons pour aller acheter de quoi manger. Il fait chaud. Nous trouvons avec peine une boulangerie traditionnelle après avoir traversé des rues en travaux, bruyantes, sans attrait. Il n’y a rien dans la gare pour les voyageurs qui comme nous voudraient s’offrir une collation, un petit encas, entre deux départs de train. Il n’y a même pas un point d’accueil. Nous retournons nous installer dans la gare manger notre sandwich pris à la boulangerie et une petite friandise, spécialité de la région que la vendeuse nous a offert à chacune. Je reçois un SMS de la propriétaire du gîte : « Bonjour Mme R … , je suis Lydie du gîte Compostella. Exceptionnellement, nous ne pourrons être au gîte qu’à 19h, néanmoins vous pourrez vous installer dans la chambre 102 (1er étage) chambre à droite. Votre nom et la clé sont sur la porte. Installez-vous, douchez-vous si vous le souhaitez et ensuite, pouvons-nous nous voir à mon retour à 19h ? Si l’horaire ne vous convient pas, merci de me le faire savoir et on s’arrangera. Je reste à votre disposition. A tout à l’heure » Je lis ce message à haute voix. Ginette est surprise par tant de considération. Cela anime notre discussion pendant que nous attendons l’heure pour le train de Bayonne via St Jean Pied de Port de 14h55, nous y serons à 15h54. Le gîte est à 10 minutes de la gare. Je nous ai réservé une chambre à l’avance dans le même gîte que celui où j’ai dormi avec Marie-France en 2015 (dernière étape) (https://www.wobook.com/WBFy42j1XM7X/Un-deux-trois-vers-compostelle-III.html). Cela me fait un bien fou de reprendre le chemin là où je l’ai laissé exactement. Ce choix, je l’ai fait après réflexion car le voyage en train depuis Montpellier est long, il est plus raisonnable de se poser pour passer une bonne nuit afin de partir en forme dès l’aube pour affronter la montée vers Roncevaux. St Jean Pied de Port C’est dans la ville haute que se trouve la porte SaintJacques que les pèlerins franchissent avant d’emprunter la route d’Espagne et de passer le vieux pont sur La Nive (d’origine romaine, rebâti en 1634) pour continuer leur route vers Roncevaux et l’Espagne. Cette petite ville au pied du col de Roncevaux (Col de Cisa également) est la dernière station des trois routes de pèlerinage françaises avant de franchir les Pyrénées vers l’Espagne. Lorsqu’elles marchent sur l’Espagne, les troupes napoléoniennes choisissent le meilleur chemin stratégique via le col de Lepoeder, aujourd’hui connu sous le nom de Route Napoléon. On parle basque des deux côtés de la frontière, on y cultive les mêmes traditions comme par exemple la pelote, le mélange de tennis et de squash joué à la main. St Jean Pied de Port a été déclaré par l’Unesco héritage culturel mondial. Il y a beaucoup de pèlerins qui comme nous cherchent leur gîte ou accueil pour la nuit. C’est le chauffeur du petit train de la ville qui nous renseigne. Il nous donne un plan pour nous permettre de nous orienter plus facilement. Nous allons déposer nos bagages et partons à la découverte de l’endroit. Nous achetons des cartes-postales que nous postons aussitôt après les avoir écrites, elles auront ainsi le tampon du lieu. Ginette fait quelques photos et chemin faisant, nous nous arrêtons dans une superette pour acheter notre pique-nique pour demain. Avant de rentrer, nous visitons l’église, faisons brûler des cierges. Il est 19h et sans plus traîner, nous regagnons le gîte, nous passons au bureau pour faire tamponner les crédences et repartons repérer le départ du GR65, route Napoléon après les indications données par le gérant à l’accueil. La soirée est douce. Je m’exclame : « Ginette, regarde comme c’est beau ! ». J’admire les formes environnantes qui baignent dans une lumière de soleil couchant.
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