actuel n°163 - Page 1 - Actuel est un magazine hebdomadaire marocain francophone, appartenant au groupe « Logique Presse ». Des sujets très variés y sont abordés (économie, politique, société, culture...). Ce magazine généraliste se veut le porte-parole d'un Maroc moderne, dynam O n devrait l’exporter plus souvent. C’est un Abdelilah Benkirane de compétition quiaportélavoixduMarocàStrasbourg lors du Forum mondial de la démocratie organisé par le Conseil de l’Europe. De l’humour, de l’ironie, du second degré, mais aussi du sens, le chef du gouvernement ne nous avait plus servi depuis longtemps cette rhétorique subtile, bien loin de ses emportements populistes et autres jérémiades sur les «crocodiles» et les «démons». Face au Conseil de l’Europe, il a donné élégamment une leçon à ceux qui ne se privent pas de nous en donner : «Moi, je n’ai pas peur de votre crise économique […] S’il faut diminuer un peu votre façon de vivre, faites-le. C’est tout et vous aurez réglé tous vos problèmes.» Un discours pas très orthodoxe économiquement mais qui a le mérite de rappeler à la plaintive Europe que chez nous, la moitié de la population vit avec rien ou pas grand-chose. Benkirane a également trouvé les mots justes pour souligner combien les atermoiements de nos partenaires du Nord sur les délocalisations nous faisaient mal: «Vous ne pouvez pas venir hier, parce que ça vous arrangeait, et repartir (aujourd’hui) parce qu’il y a un petit son de cloche de crise.» Bien envoyé. On est loin des interventions ectoplasmiques d’un El Fassi! Bref, le chef du gouvernement marocain s’est fait remarquer et il a récidivé lors d’une interview sur France 24. Face à une journaliste qui s’emmêlait un peu les pinceaux dans ses questions sur des sujets que visiblement elle maîtrisait mal, il a eu beau jeu de souligner que «les Français doivent cesser d’imaginer que le Maroc est une deuxième France». Quand elle lui fait part des soupçons qui pèsent sur les islamistes, il rétorque: «Quand on ne fait pas d’erreur, on nous fait des procès d’intention.» Benkirane a réponse à tout et son intervention très équilibrée sur le drame d’Amina 3Edito Filali est tout à son honneur. Les réseaux sociaux n’ont pas manqué de souligner la qualité et la justesse des interventions du chef du gouvernement en Alsace. Certains, parmi ses adversaires, se demandant même si l’usage du français ne lui donnait pas des ailes en lui permettant d’élever le niveau! Ce qui est certain, c’est que ce chef de gouvernement qui fait si peu à l’intérieur a bien représenté le Royaume à l’extérieur. Avec ce type de discours, nous nous distinguons des dérives plus outrancières de nos voisins. Sans pour autant céder un pouce de notre dignité. Et il n’est pas anecdotique que cette rhétorique ait été prononcée dans le pays où le candidat déclaré à la présidence du principal partidedroite,Jean-François Copé, déclenche la même semaine une polémique ouvertement islamophobe en évoquant les enfants qu’on priverait de «pain au chocolat» pendant le ramadan. Hors de nos frontières, rasé au millimètre et cravaté,AbdelilahBenkirane se poserait presque comme le défenseur mesuré d’un islam vraiment modéré. Il se démarque surtout grâce à ce charisme qui avait séduit jusqu’aux villas cossues d’Anfa et de Souissi lors des législatives. En Europe, Benkirane était aussi un peu en campagne. Le leader du PJD n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’agit de séduire et de convaincre. Mais c’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Le ministre de la parole se confronte aujourd’hui à l’épreuve des faits. L’orateur surdoué semble bien plus évasif et timoré lorsqu’il s’agit de nous expliquer le contenu de sa première loi de Finances. Mais se coltiner à la réalité, c’est une autre paire d’effets de manche... ■ Ce chef de gouvernement qui fait si peu à l’intérieur a bien représenté le Royaume à l’extérieur. Bravol’artiste he... ■ actuel actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 4 N°163 - DU 12 AU 18 OCTOBRE 2012 Ça passe ou ça casse Un tramway nommé pagaille Ils n’ont pas le droit de chômer Le Bronx de Tanger 16 26 30 38 46 L’homme au coyote SActualités 06 NOUVELLE GÉNÉRATION | Tarek Riahi 08 LA SEMAINE EN IMAGES 10 DÉCRYPTAGE 14 DERNIÈRE HEURE SDossier 16 LOI DE FINANCES 2013 | Le budget de tous les dangers SEconomie 26 TRAMWAY | Deux mois pour tout régler 29 ECONOMIE EN BREF SPolitique 30 RENTRÉE PARLEMENTAIRE | Il est urgent de légiférer 32 CODE DE LA PRESSE | Les journalistes en liberté surveillée? 36 POLITIQUE EN BREF SSociété 38 TANGER | Béni Makada, la frondeuse 41 SOCIÉTÉ EN BREF SMonde 42 SYRIE/TURQUIE | Rien ne va plus 42 ÉTATS-UNIS | Obama en session de rattrapage 44 CHRONIQUE DES DEUX RIVES SCulture 46 EXPO | Beuys Ici, l’exposition de l’automne 48 AGENDA STendances 50 LES CHOIX DE... SOUKAÏNA OUFKIR | A l’amour, à la guerre PHOTO DE COUVERTURE PHOTOMONTAGEGE actuel actuel est édité par Logique Presse. SARL. Capital social : 25 millions de dirhams. Conseiller spécial: Henri Loizeau Directeur de la publication: Abdellatif El Azizi Directeur commercial: Moulay Ahmed Alami Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Rédactrice en chef adjointe: Mouna Kably Assistante de la rédaction: Fatima Azzahra Ghoumari Tél. 05 22 95 18 15 / 16 05 29 00 20 02/ 30 03 Fax. 05 22 95 18 14 SRÉDACTION Chefs de service: POLITIQUE: Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE: Mouna Kably CULTURE: Amira-Géhanne Khalfallah Rédacteurs: Slimane Ammor, Yanis Bouhdou, Zakaria Choukrallah, Ali Hassan Eddehbi, Khadija El Hassani, Abdelhafid Marzak, Asmaâ Chaïdi Bahraoui, Nicolas Salvi (stagiaire), Ranya Sossey Alaoui (stagiaire) Chroniqueurs: Fouad Benseddik, Pascal Boniface, Driss Jaydane Correspondants: Cyril Bonnel (Paris), Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Salima Yacoubi Soussane SÉDITION Rédactrice en chef technique: Keiko Catala Secrétaires de rédaction: Ferdinand Demba Bassirou Bâ Révision: Laila Lebbar Directrice artistique: Fadoua Damiri Maquettiste: Youssef El Moutassaddik Conception graphique: Studio Baylaucq & Co. 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Pourtant, rien ne prédestinait ce fils d’architecte algérotunisien à embrasser une carrière artistique. Il n’était encore jamais allé au théâtre lorsqu’à seizeans,ildécouvre la pièce Jounoune (Folies). « Ce fut l’électrochoc. J’étais mordu et mon seul regret était de ne pas avoir vécu cela avant», s’extasie le jeune homme au physique d’Ecossais. Le Théâtre Municipal qui trône sur l’avenue Bourguiba à Tunis n’est que le point de départ d’une longue vie sur les planches. «Je ne remercierai jamais assez la personne qui m’a offert ce ticket!», ajoute le comédien, comme pour rappeler à quel point le hasard a joué en sa faveur. Pour l’amour de l’art Au lycée où il avait choisi la section littérature anglaise, il multiplie les rôles et enfile les costumes. Hamlet de Shakespeare, ainsi que la plupart des figures emblématiques de la littérature anglophone, le jeune homme les campe tellement de fois qu’il ne fait plus la différence entre sa propre vie et la leur. Les répliques deviennent des pamphlets pour son quotidien. Après le théâtre amateur du lycée, Tarek rejoint une troupe professionnelle. Il faut dire que son inscription en faculté de lettres anglaises lui laisse le temps de s’adonner «boulimiquement» à sa passion. De Damas à Bruxelles en passant par Alger ou encore Tunis, au gré des représentations et des formations éclectiques, le comédien peaufine son goût pour le théâtre. Mais il lui manquait quelque chose. «J’ai fait le chemin inverse. Lorsque je suis devenu comédien professionnel, j’ai décidé de m’inscrire à l’ISADAC (Institut supérieur d’Art dramatique) de Rabat, histoire de décrocher un vrai diplôme. J’avais envie d’avoir un autre regard sur la formation», explique t-il. Commence alors une vie maroco-marocaine qui le renvoie à son enfance. «Je suis né au Maroc et ma mère est tangéroise. Je m’identifie surtout à ce pays pour son immensité et pour l’authenticité de ses habitants. C’est très inspirant pour un artiste», ajoute Tarek. Pugnace, d’un mémoire de fin d’études il fait une pièce dont l’élaboration prend un an. «Il a fallu revisiter une histoire babylonienne pour la rendre merveilleuse, tabler sur les costumes, le chant, la danse et l’éclairage pour inviter le public à rêver avec nous», se justifie le comédien qui joue le rôle principal, celui de Gilgamesh, héros de la Mésopotamie antique, en quête d’immortalité. A l’heure où l’art moderne balaie sur son chemin tous les codes du classique, notre comédien, harponné par les dieux des mythologies anciennes, choisit de réécrire l’histoire, de la mettre en scène et de la jouer. «Le théâtre contemporain nous rappelle à notre quotidien et à son marasme. Le public est épuisé par autant de réalisme. Nous sommes passés par des guerres, des crises d’identité, de la violence. Cela ne m’intéressait pas de reprendre ces événements dans ma première pièce. J’ai voulu puiser dans les contes, histoire d’interroger le public sur des questions existentielles tout en le divertissant. Nous sommes un jeune public biberonné à l’image. Entre la télé, YouTube et le Net, il a fallu une scénographie cinématographique pour l’intéresser, le rassasier visuellement», argumente Tarek. Fragments d’argile-Gilgamesh est jouée sur scène depuis un an et projette des représentations un peu partout au Maroc. Quant à Tarek Riahi, il ne compte pas en rester là. Dans le même esprit, il tente d’organiser une caravane de contes. Même si les sponsors ne sont pas au rendez-vous, le jeune homme est prêt à vivre de la vente de ses peintures, comme il l’a fait durant ses quatre années d’études. Parce qu’il faut immortaliser Gilgamesh. Asmaa Chaidi Bahraoui NOUVELLE GÉNÉRATION ©DRl actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Actualités8 Aswat sait comment séduire son auditoire: engager quelques-unes des vedettes les plus populaires du pays. Outre l’humoriste Fatine Youssoufi, l’animateur Rachid Idrissi et l’acteur Tarik Boukhari, c’est Bouzebal en personne qui rejoint l’équipe. ■ L’artistemarocainMounirFatmiadécidédesuspendreledispositif de son œuvre Technologia à Toulouse. La projection d’extraits de versets du Coran et de hadits a été jugée blasphématoire car les passants pouvaient marcher dessus. ■ Maroc La radio des Oulad Leblad Polémique Laïcité ou pas, attention au Coran! SPSY-chédélique 423 millions de vues sur YouTube en deux mois pour ce Sud-Coréen au style… très particulier. Si ça ne suffit pas à attiser votre curiosité, faites-le au moins pour son déhanché. Ça en vaut le coup (d’œil). VU SUR LA TOILE Nouvelle hécatombe sur les routes. Ce mercredi, un autocar s’est renversé au niveau de l’autoroute reliant Casablanca à Settat. Bilan provisoire: 8 morts et 18 blessés. La cause de l’accident serait l’état de fatigue du chauffeur, selon les premiers témoignages. ■ Maroc La route de la mort SLes puceaux de Séoul Quand les plantureuses danseuses du groupe Waveya se sont produites devant les étudiants ingénieurs, ils les ont accueillies avec… trop de ferveur. Faut dire que ça change des maths. ©DR ©AFP A 14 ans, Milala Yousufzai est un symbole national pour son emilitantisme contre les talibans. Ceux-ci ne se sont pas gênés pour lui tirer une balle dans la tête ce mardi à sa sortie de l’école. Elle a miraculeusement survécu. Impitoyables talibans. ■ Pakistan Boucle-la ou crève! ©AFP actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 ©B.Taougar/actuel Pages réalisées par par Ranya Sossey Alaoui et Kaouthar Oudrhiri SScolarité pour toutes Pour sensibiliser à la cause de la scolarisation des filles rurales, soutenir la cause de la scolarisation, sportifs, animateurs et acteurs, Mouna Fettou à leur tête, lancent un spot réalisé par Nour-Eddine Lakhmari. SMuslim Gay Pride En lui-même, ce reportage de France 24 qui dresse le portrait de quelques couples gay n’a rien d’intriguant, sauf que ceux-ci sont musulmans pratiquants, et ça bien sûr, ça change tout. 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES 9 Victoire incontestable pour l’indétrônable Hugo Chavez qui a été réélu dimanche dernier. Arrivé premier dans 21 Etats sur 23, il entame un troisième mandat qui permettra de poursuivre la révolution bolivarienne durant six autres années... ■ Agadir a été envoûtée par les ondes du blues enfumé de Vigon et Garou, samedi dernier, lors de la septième édition du concert de la Tolérance. Réunis pour la première fois sur scène, les deux artistes ont livré une prestation démentielle. Trop classe! ■ Venezuela La victoria del Presidente Tolérance Souss au Blues L’artiste marocain Zakaria Ramhani est un virtuose des portraits et il le prouve avec cet autoportrait d’où émergent les grands maîtres de cet art délicat, de Courbet à Dürer en passant par Picasso ou Frida Kahlo. A voir à l’Atelier 21 de Casablanca. ■ Expo Qu’est-ce qu’elle a ma gueule? Quand le secrétaire général des Nations unies va à la rencontre de François Hollande, ça parle Sahel, Syrie et surtout Mali. La diplomatie française se veut en pointe sur beaucoup de dossiers sensibles, et ça ne peut qu’élargir le sourire de Ban Ki-moon. ■ France Un mardi très diplomatique à Paris©AFP ©AFP ©B.Taougar/actuel ©B.Taougar/actuel actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Actualités / DÉCRYPTAGE10 ONG Tu n’avorteras point ● LES FAITS Sans surprise, le bateau de l’ONG pro-IVG Women on Waves (Wow) n’a pas pu accoster à Marina Smir. Il s’est vu refuser l’accès par la marine sur décision des autorités. Le navire est reparti, mais les membres de cette association néerlandaise promettent qu’ils n’en resteront pas là. ● LE COMMENTAIRE Au final, l’association néerlandaise épaulée par le Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles) a réussi son opération de communication en mettant sous les projecteurs la problématique de l’avortement clandestin. Personne ne s’attendait à ce que des opérations d’IVG soient pratiquées, même si l’association contourne la législation en opérant dans les eaux internationales. Personne, surtout pas les femmes qui désiraient avorter mais qui ne pouvaient s’exposer à des poursuites et à la hchouma en se rendant dans un port rempli de policiers et de caméras. Nos autorités, au lieu d’intégrer cette donne, ont préféré jouer la manière forte. A leur décharge, la peur de donner du grain à moudre aux plus conservateurs, présents à travers une association pour le droit à la vie. Mais le résultat est que Wow conteste la légalité du refoulement et compte s’en remettre aux tribunaux internationaux. ● ET DEMAIN Women on Waves a mis en place un numéro d’information pour aider les femmes qui désirent avorter. Jusqu’à ce que l’interruption volontaire de grossesse soit légalisée dans le Royaume. Z.C. ● LES FAITS Le 6 octobre, plus de 800 juges ont répondu à l’appel du Club des magistrats pour un sit-in devant la Cour de cassation à Rabat. ● LE COMMENTAIRE La mobilisation des juges marocains vise à obtenir une plus grande indépendance pour le pouvoir judiciaire. De l’avis des magistrats, la revendication d’un système plus efficace, plus intègre et plus indépendant passe d’abord par l’amélioration des conditions matérielles des juges. Sur ce plan, les modestes salaires des juges ouvrent parfois la porte à la corruption. D’autant plus qu’au sein même de la magistrature, tous les magistrats ne sont pas logés à la même enseigne: un juge de troisième grade touche un salaire de 9000 DH alors que l’un de ses confrères au grade exceptionnel perçoit 30000 DH. Le Club des magistrats, association officiellement interdite, mais tolérée, reproche également au ministère de tutelle de pratiquer des économies de bouts de chandelles dont les premières victimes sont les citoyens eux-mêmes. En effet, le manque de moyens humains, logistiques, et l’indigence des locaux font que les dossiers s’accumulent dans les tribunaux. ● ET DEMAIN Pour répondre à la fronde des magistrats, Ramid ne devra pas se contenter d’un communiqué en invitant les juges à combattre avec virulence la corruption qui sévit dans le secteur. Le monde judiciaire attend tout autre chose d’un ministre qui a beaucoup promis. A.E.A. ▲ Magistrats/Ramid Ça chauffe encore ©DR ©AICPRESS Commissions bancaires à la loupe ▲ ● LES FAITS Mohamed Azzedine Berrada, ancien directeur délégué du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), publie Le casse-tête des erreurs bancaires sur les intérêts et les commissions au Maroc. Un recueil des erreurs et dépassements les plus courants. ● LE COMMENTAIRE Parmi les erreurs les plus répandues, le calcul des intérêts sur les crédits bancaires. L’article 873 du dahir sur les obligations et contrats (DOC) précise que ce taux doit être calculé sur la base d’une année entière. Or, Berrada s’aperçoit qu’elles ont depuis longtemps adopté une année bancaire raccourcie de 360 jours seulement. En pratique, un crédit octroyé au taux de 12,10% revient en définitive à 12,30%. Ce qui fait dire à l’exdirecteur du GPBM que le contrat qui lie la banque à son client n’est plus respecté. L’expert constate également que les clauses pénales dans les contrats de crédit sont excessives. Alors que Bank Al-Maghrib fixe le taux des pénalités de retard à 2%, les banques appliquent des taux différents, souvent supérieurs. Il faut donc limiter la clause pénale aux seuls intérêts de retard, à l’instar des pays européens. ● ET DEMAIN Si des clients décidaient de réclamer, à l’amiable ou par voie de justice, les sommes qui leur sont facturées à leur insu, ils auraient toutes les chances de réussir. A.M. ©DR ▲ actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Actualités / DÉCRYPTAGE12 ● LES FAITS Le PAM a récemment accusé le ministère des Habous et des Affaires islamiques d’avoir été «complice du PJD, lors de la campagne électorale des législatives partielles, en fermant les yeux sur certains imams qui ont profité de leurs prêches pour appeler à voter PJD». ● LE COMMENTAIRE C’est surtout une énième cartouche (vide?) dans un contexte de guerre médiatique entre les deux ennemis. Le parti du tracteur a profité de la campagne des législatives partielles pour s’en prendre au projet «obscurantiste» du PJD et dénoncer son discours «moralisateur». En agissant de la sorte, le PAM a réussi l’exploit de devenir l’adversaire numéroun de Benkirane, à un moment où les autres formations politiques se mordent la langue pour éviter le populisme destructeur du PJD. Jusqu’ici, rien d’anormal. Sauf quand on sait que derrière cette guerre, il n’y a aucun programme à défendre aussi bien pour les uns que pour les autres. D’une part, le PJD qui affirme s’être débarrassé de son discours prêcheur, continue d’instiller sa religiosité. D’autre part, le PAM ne dispose d’aucun projet de société. Sa seule ambition consiste à normaliser son statut de parti d’opposition. ● ET DEMAIN Ces querelles embrouillent davantage les Marocains qui, après avoir essayé de s’intéresser à la politique, peuvent très bien s’en détourner à nouveau. A.H.E. ▲ PAM vs PJD Le faux débat ©AICPRESS ▲ De la cellule de prison à la cellule terroriste ● LES FAITS Les onze personnes interpellées ce week-end en France et soupçonnées de visées terroristes sont toutes passées par la case prison, avant de se convertir à l’islam, version salafiste jihadiste. Le douzième homme, Jérémie Sidney, qui est mort les armes à la main lors de son interpellation, a connu un parcours similaire. ● LE COMMENTAIRE Cela fait des années que des imams autoproclamés, emprisonnés en France, convertissent au salafisme le plus radical des détenus de droit commun. Les terroristes comme ceux de l’attentat de SaintMichel à Paris sont de véritables stars dans les cours de prison et attirent dans leurs filets les petites frappes influençables. Tout cela dans une relative indifférence de l’administration pénitentiaire. Le problème, c’est que près du tiers des détenus français sont musulmans (ou au moins pratiquent le ramadan) et qu’il n’y a que 151 imams (sans formation) pour les visiter contre 655 aumôniers catholiques (formés eux). Autant dire qu’on laisse le champ libre aux «émirs» improvisés porteurs de messages de haine... ● ET DEMAIN Avant le coup de filet, on prévoyait le recrutement de quinze nouveaux imams en 2013 au ministère de la Justice. Alors qu’il faudrait tripler les effectifs pour visiter les 18000 détenus musulmans... et contrer les techniques de lavage de cerveau des salafistes! E.L.B. ©DR Affaire Alioua Accusé de népotisme ▲ ● LES FAITS Alors que le comité de soutien à Khalid Alioua continue à mobiliser de nouveaux acteurs politiques, l’audition de l’ex-patron du CIH suit toujours son cours. ● LE COMMENTAIRE D’après des sources proches de l’instruction, la plupart des griefs reprochés à Alioua relèveraient du népotisme. Dans ces accusations à l’encontre de l’ex-directeur de la Banque, on relève, entre autres, des frais de déplacement payés sans justificatifs à des cousins, des recrutements injustifiés de proches dans des structures dépendant de l’établissement. On parle même de la facture des funérailles d’un parent de l’intéressé réglée par la direction de l’hôtel Riad Salam, à l’époque dans le giron de la banque immobilière. Le cas des restaurants de Marina Smir que le CIH louait à une entreprise privée est assez significatif mais on est en droit de se demander si les accusations de népotisme ne masquent pas l’essentiel. Alioua est mis en cause par un rapport de la Cour des comptes qui épingle des faits beaucoup plus graves. C’est sur la base de ce rapport que le juge d’instruction, Noureddine Dahine, a décidé l’incarcération de Alioua. ● ET DEMAIN Malgré les témoignages des personnes interrogées et l’implication effective des proches de Alioua, et même si l’ex-patron du CIH continue de nier en bloc, mettant tout sur le dos de ses collaborateurs, le verdict risque d’être lourd. A.E.A. ©AICPRESS actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Actualités14 Tanger Talbi Alami en tête Rachid Talbi Alami rafle le poste de président de la région de Tanger-Tétouan. Le dirigeant rniste a obtenu 46 sur un total de 87 voix. Cette victoire électorale n'est pas due au hasard. Talbi Alami a réussi à s'imposer grâce au soutien des conseillers du PAM et de l'USFP. Elle constitue une (petite) revanche pour le PAM qui a été laminé par le PJD lors des élections partielles de Tanger. Le parti islamiste a réussi à conserver deux des trois sièges mis en jeu, arrivant largement en tête, en termes de voix. ■ Radio Matins gris sur Luxe Seddik Khalfi, notre confrère et animateur des Matins Luxe, sur Luxe Radio, a été suspendu d’antenne pour une durée indéterminée. Motif: l’évocation à l’antenne du procès qui oppose Driss Ajbali, directeur du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), au site d’information Yabiladi.com. Sujet tabou, eu égard à l’entregent de Ajbali? Pression de la Haca? Les auditeurs n’en sauront rien. Ce faisant, Luxe Radio donne un bien mauvais exemple. La décision, si elle devait être confirmée, laissera des traces. L’audience de cette radio, qui nous a habitués aux débats contradictoires, peutelle se payer le luxe d’une telle erreur d’appréciation? ■ ● La guerre est désormais ouverte entre les ministres et les secrétaires généraux de leur département. La tension est montée d’un cran à l’approche de la nomination imminente de remplaçants. D’autant qu’aujourd’hui, le chef du gouvernement a toute latitude pour placer qui il veut à ces postes très prisés. ● Vivendi a mandaté Lazard et Crédit Agricole pour sonder le marché sur une éventuelle cession de 53% de Maroc Telecom. L’opérateur historique, dont la valeur est estimée à 4 milliards d’euros, pourrait intéresser l’émirati Etisalat ou encore Qatari Telecom. ● C’est désormais la lune de miel entre Chabat et Abdessalam Yassine après la visite de Omar Amkassou, vice-président du cercle politique d'Al Adl Wal Ihsane, et de Hassan Bennajeh, membre de la même instance au siège de l’Istiqlal. Ils étaient porteurs d’un message de félicitations du cheikh au nouveau patron du parti de la balance. ● La direction de la Chambre de commerce et d’industrie de Rabat a demandé l’ouverture de consultations avec le département de la Culture pour récupérer le siège du ministère. Larbi Ait Slimane, le tout nouveau patron de cette institution, qui émarge à l’USFP, n’hésitera pas à intenter une action en justice pour récupérer le terrain enregistré au nom de la Chambre. ■ Les bruits du village milliards de dirhams. C’est le coût socioéconomique des accidents de la route. 12 La plainte déposée par Nizar Baraka a disparu du dossier, selon des sources syndicales. C’est sur la base de cette plaintequelefonctionnaire,soupçonné d’avoir rendu public des documents confidentiels, estactuellementpoursuivi. Un second document, contenant les instructionsduparquetgénéralàlaBNPJ, a également disparu. En attendant de retrouverlesdeuxpiècesmanquantesau dossier,NoureddineBensouda,Trésorier général du Royaume et Salaheddine Mezouar,ancienministredesFinances, sont convoqués à l’audience prévue le 2novembre prochain. ■ ©B.Taougar/actuel Amazigh Microsoft s’y met Le nouveau système d’exploitation de Microsoft, intégrant la langue amazighe, sera lancé le 26 octobre. Les protocoles de gestion de la langue amazighe dans l’environnement Windows 8 ont été mis au point grâce à une collaboration entre l’équipe de Microsoft Maroc, les développeurs du système d’exploitation et l’Institut royal de la culture amazighe. Il sera donc possible de choisir «Amazigh tifinagh» dans le panneau de configuration de la langue dans le prochain Windows 8. ■ SLe chiffre PrimesdeMezouar Rebondissement actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Ce sont des funérailles émouvantes auxquelles ont assisté le prince Moulay Rachid, les conseillers du roi et de nombreuses personnalités à la mosquée Chouhada ce dimanche 7 octobre à Rabat.Ils avaient tenu à accompagner Mustapha Sahel, décédé des suites d’une longue maladie, à sa dernière demeure.Ce grand commis de l’Etat, dont la réputation de rigueur professionnelle et de patriotisme est largement reconnue par ses pairs, a occupé de nombreux postes de première importance.Une carrière politique très riche qui l’a d’abord mené à la direction du Budget dans les années 80 avant qu’il n’occupe des fonctions ministérielles à la tête du ministère des Pêches maritimes et de la Marine marchande ou encore celui de l’Intérieur.Ambassadeur du Maroc à Paris, il est rappelé en raison de sa maladie au Maroc où il va être nommé conseiller du roi en 2011.L’équipe d’actuel présente ses condoléances attristées à toute sa famille. Nous sommes à Dieu et à lui nous retournons. Un grand commis de l’Etat s’en va 15 [ LU DANS LA PRESSE ARABOPHONE ] Casablanca Mdina bus se vêtit d’art! Bientôt les bus casablancais se vêtiront de photographies d’art. A l’origine de cette initiative, l’ambassade des Pays-Bas qui, à l’occasion de l’année de la photographie au Maroc, a initié un projet de résidences croisées entre artistes marocains et néerlandais. Le résultat est une belle série de photographies qui se déclinent en posters sur les bus. Une autre partie est imprimée sur une importante façade d’immeuble du centre-ville d’Al Hoceima. ■ DGSN Chasse aux ripoux Bouchaib Rmail a dépêché plusieurs missions d’inspection dans les commissariats de police de Casablanca. Mission: enquêter sur d’éventuels actes de corruption dans les services et sanctionner les représentants de loi ripoux. ■ Foot Gerets bon joueur Eric Gerets a évoqué son expérience en tant que coach des Lions de l'Atlas lors de sa conférence de présentation à la tête de l'équipe de Lekhwiya. «Je suis content de mon expérience avec l'équipe marocaine [...] malheureusement, la chance n'a pas été de mon côté ni du côté de l'équipe marocaine [...] je garde une bonne relation avec les joueurs et les responsables administratifs.»■ Presse écrite Le come back de Niny Rachid Niny reprend du service. Le journaliste le plus célèbre du Royaume s’apprête à lancer un nouveau groupe de presse qui éditera trois supports arabophones: un quotidien généraliste, un hebdomadaire et un mensuel d’histoire. Le quotidien verra le jour le premier en attendant les deux autres périodiques. ■ Accidents de la circulation Populisme quand tu nous tiens! Lors d'une réunion qui s'est tenue avec les représentants des sections de l'Union des fédérations nationales des chauffeurs professionnels du transport au Maroc, Aziz Rebbah n’a pas hésité à leur promettre monts et merveilles. En prime, le ministre leur a annoncé la libération des chauffeurs professionnels arrêtés dans le cadre d'accidents de la circulation. ■ actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012 Dernière heure P rofitant de la confiance absolue de sa propriétaire, le gérant de nationalité française d'un riad bien connu de Marrakech a pillé l'établissement avant de prendre la fuite vers une destination inconnue pour l'instant. La patronne du riad Khol explique que le ressortissant français à qui elle avait confié la direction de cet établissement, fruit de toute une vie de labeur, a mis la main sur tout ce qu'il contenait. Madame Alaoui, qui a travaillé dur pour en faire une destination privilégiée pour touristes locaux et étrangers, avait embauché le ressortissant français, il y a deux ans, pour s'occuper de la direction de l’établissement. Les professionnels du secteur, qui ont confirmé le cambriolage, ont évoqué une hausse vertigineuse de cas de vols et d’escroqueries en tout genre commises par des Français qui fuient la crise économique de l'Hexagone. Des individus qui débarquent souvent dans la ville ocre avec l’espoir de trouver un emploi. D'où le recours, au final, à des moyens peu orthodoxes pour survivre. ■ Al Anbaa Al Maghribia Unriaddévaliséparson directeurfrançais La question de la semaine sur La question de la semaine prochaine Retrouvez-nous sur notre page fan facebook.com/actuelmaroc Que faire avec dix millions de dirhams? ■ J’achète une demi-villa à Anfa supérieur. ■ Je les donne à Aïcha Ech-Chenna. ■ J’investis dans l’économie de mon pays. ■ Je place tout dans mon coffre-fort. ■ Je les place à l’étranger. ■ s ■■ ■ p ■ ■ 1,5% 3% 15,2% 6,1% Que pensez-vous de la sélection de Taoussi? 74,2% Migration Direction la France L’immigration marocaine a presque triplé depuis 1975 et les Marocains représentent désormais 12% de la population immigrée en France. C’est ce que confirme la dernière enquête de l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), «Immigrés et descendants d'immigrés en France». ■ ©DR Dossier16 A deuxmoisdelafindel’exercice budgétaire2012,lebrouillard plane toujours sur la prochaine loi de Finances 2013. L’opinionpubliqueattendait et continue d’espérer l’annoncedemesurespharesqui marqueraientlemandatdugouvernement Benkirane.Pourrappel,lebudget2012avait été présenté comme transitoire puisque élaboré pour l’essentiel par l’équipe sortante de Abbas El Fassi. Les vainqueurs des élections de novembre 2011 avaient douze mois pour apporter leur touche au budget 2013et,surtout,pourtenirleurspromesses électorales. Qu’en est-il aujourd’hui? Début octobre, aucune hypothèse destinée à construirelebudgetn’étaitencorearrêtée. Autreretourenarrière:lalettredecadrage diffusée en août par le chef de gouvernement ne comportait aucune donnée chiffréesusceptibledepréciserlescontoursdu futur budget. Plus récemment, le ministre déléguéchargéduBudget,IdrissAzamiAlIdrissi,s’estcachéderrièrel’incertitudeliée àlaconjoncturenationaleetinternationale pourinvoquerlesdifficultésàavancertoute estimation, que ce soit celle du prix du baril de pétrole ou du taux de croissance du PIB.Evasif,ils’estcontentéd’annoncerdes pronostics largement galvaudés: un baril au dessus de 100 dollars et une croissance de 4% à 5%, sans que ces estimations ne soient étayées par des arguments solides. Pourtant, les équipes du binôme Nizar Baraka-Idriss Azami Al-Idrissi, qui pilote le ministère des Finances, disposaient d’un délai suffisant –depuis juin dernier– pour construire divers scénarios. Promesses de Benkirane Qu’àcelanetienne,AbdelilahBenkiraneet sonéquipecontinuentdepromettreàtour de bras sans jamais préciser les mesures concrètes à mettre en œuvre. Rétablissement des équilibres macro-économiques, maintien de l’investissement public, soutien à la compétitivité de l’entreprise et promotiondel’emploi.Tellessontlespriorités avancées par le gouvernement, sans que celui-ci ne laisse rien filtrer, à deux semaines de la présentation du projet de loi de Finances au Parlement, ni sur les mesures ni sur leur financement. actuel / Semaine du 12 au 18 octobre 2012
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