Actuel4 - Page 1 - C es élections municipales 2009 laissent un drôle d’arrière goût dans la bouche. On devrait pourtant se réjouir: la parti- cipation est honorable, les observateurs internationaux nous ont délivré un certificat de bonne conduite démocratique, il n’y a pas eu (trop) de bagarres et même si on a eu droit à quelques magouilles, on peut espérer que les plaintes déposées ne se perdront pas dans les méandres de l’inertie judiciaire. Voilà pour le verre à moitié plein. Du côté du verre à moitié vide, on voit qu’un Ma- rocain sur deux n’y a pas cru, que dans les zones urbaines, c’est carrément un boycott, que moins de 30 % des Casablancais ont déposé un bulletin et qu’ils ont ainsi pu vérifier l’adage, «Abstiens-toi, le PJD votera pour toi». Grâce aux abstentionnistes, les plus grandes villes du Royaume ont offert la première place aux candidats islamistes. Dans les campagnes, les Pamistes pointent en tête. Aveclesvieillesbarbesquiont rejoint Fouad Ali El Himma etquelquesjeunespremiers médiatiques, le parti du tracteur trace son sillon et réussit l’exploit d’être le premier sur la ligne alors qu’il est le dernier arrivé dans la course. Admettons. Le tracteur avait de toutes façons un boulevard devant lui. Par contraste avec la médiocrité ambiante, Fouad Ali El Himma apparaît flamboyant. Au royaume des aveugles… Si l’on cumule ses voix avec l’UC, le RNI et le MP, ce sont 49% des votants qui ont choisi les partis de l’administration. Soit. Maintenant, ajoutons l’Istiqlal à ce total et ce sont 64% du pays qui vo- tent à droite. Ce qui nous différencie finalement assez peu des Européens qui ont (peu) voté la semaine dernière. Sauf qu’ici, nous manquons sérieusement de Verts pour relever des roses de plus en plus délavées (11,6% pour l’USFSP). Mais l’amertume ne provient pas seulement des résultats. La démocratie, c’est accepter le verdict des urnes. Le problème? Un vice caché. Certes, la proportionnelle quasi intégrale, c’est la démocra- tie la plus pure sur le papier. Il faut toujours se méfier de la pureté, elle regorge d’effets pervers. Aucun vainqueur n’est possible avec la seule pro- portionnelle. Il faut passer des alliances. Pourquoi pas, dans la mesure où elles sont cohérentes. Et qu’elles ne ressemblent pas à des ventes aux enchères où les forces d’appoints se vendent au plus offrant. Une démocratie mature imposerait un système à deux tours (et un vote le week-endpourlesurbains). Aupremiertour,onchoisit. Au deuxième, on élimine. L’anarcho-démocratie mu- nicipale marocaine, c’est plutôt, au premier tour, je choisis.Etaudeuxième,on choisit pour moi. Des sympathisants socia- listes vont découvrir que leur voix servira demain à élire un islamiste dans leur ville. Des bulletins de péjidistes vont élire des maires Pam. Or ce parti les insultait copieusement il y a 3 semaines. Ces électeursflouéssedéplaceront-ilsaux prochaines élections alors qu’on a confisqué leurs voix dans des tractations indignes... Vous voulez une bonne nouvelle? Nous avons six ans pour réformer ce système qui escamote les choix des votants et les prive d’un réel deu- xième tour. 3Édito actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 Levicecaché delaproportionnelle our. actuel L'anarcho- démocratie marocaine, c'est : au premier tour, je choisis. Au deuxième, on choisit pour moi. SDirectrice de la publication: Meriem Lahrizi Conseiller de la rédaction: Henri Loizeau Assistante de la rédaction: Meriem Zraidi Tél. 05 22 95 18 15 / 18 16 REDACTION Directeur de la rédaction: Eric Le Braz Chefs de service: POLITIQUE/INTERNATIONAL : Abdellatif El Azizi ÉCONOMIE : Mouna Kably SOCIÉTÉ/CULTURE : Bahaâ Trabelsi Rédacteurs: Yanis Bouhdou, Amanda Chapon, Khadija El Hassani, Tarik Qattab, Saïd Lahlou Correspondante: Maud Ninauve (Tanger) Photographe: Brahim Taougar Ont collaboré à ce numéro: Sofia Amara, Inès Asensi, Cyril Bonnel, Mustapha Errami, Jorge Garcia, Doc Jivago, Icham Kadiri, Malika, Iliasse Mesnoui Chroniqueurs: Fouad Benseddik, Narjis Rerhaye Crédits photo: AFP, MAP et AIC Press EDITION Rédacteur en chef technique : Driss Douad Directrice artistique: Fadoua Damiri Secrétaire de rédaction : Annabelle Lhomme Maquettiste : Youssef El Moutassaddik Révision: Danielle Penot Conception graphique: Studio Baylaucq & Co PUBLICITE Mouna Drissi DIRECTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE Fouad Imadi IMPRIMERIE Idéale, Casablanca DISTRIBUTION Sochepress Imprimé au Maroc – Printed in Morocco. 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Directrice générale: Meriem Lahrizi. 155 Boulevard d’Anfa, 20050 Casablanca, Maroc Tel : 05 22 95 18 15 / 18 16 Télécopie : 05 22 95 18 14 Dépôt légal : en cours Dossier presse : 19/09 actuel Sommaire ÉCRIVEZ-NOUS À courrier@actuel.ma actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 4 N°4 - DU 20 AU 26 JUIN 2009 14 28 38 46 60 EL Himma, le sourire du vainqueur Monsieur Maroc Export Pas d’inquiétude à Casablanca Les Lions dans les serres des Éperviers Soukaina sous les feux de la rampe SActualités 06 LA SEMAINE EN IMAGES 08 DÉCRYPTAGE 10 ÉTAT-MAJOR | Neila Tazi, tout le monde veut sa place 12 COURRIER DES LECTEURS SDossier 14 PJD/PAM : mariage impossible SÉconomie 28 PORTRAIT | Saâd Benabdellah, «tirer le meilleur de toute expérience» 32 TEXTILE | Entreprises et salariés dans la tourmente 36 STAR | Adetel Maroc porteuse de valeur ajoutée 37 WARNING | Cosumar sur la corde raide SSociété 38 REPORTAGE | Grippe A/H1N1: panique sur la ville? 40 INTERVIEW | Ahmed Ghayat: «Nous serons les poils à gratter» 43 VIE PRIVÉE | Maman solo, boulot, bobos, dodo 44 RÉGIONS | Saïdia, au bonheur des touristes 46 SPORT | Les Éperviers défient les Lions 48 ARRÊT SUR IMAGE | Maroc SMonde 50 ARRÊT SUR IMAGE | Monde 52 MOYEN ORIENT | L’Iran divisé par la présidentielle 53 PALESTINE | Le Hamas, maître de Gaza 54 CHRONIQUES DES DEUX RIVES SCulture 56 FESTIVAL | À Tanger, l’union fait le jazz 59 PARODIE | Zorroh bientôt sur le petit écran? 60 TÊTE-À-TÊTE | Soukaïna Oufkir, renaître... en chantant 64 LA SÉLECTION D’ACTUEL STendances 66 VOYAGE | L’Islande, un hammam en plein air 70 VOITURE | La Citroën C5, une française très germanique 74 DÉCO | Dar Nour, Tanger vu du ciel 76 SHOPPING | Quoi de neuf dans mon vanity? 78 PEOPLE | Les sept péchés capitaux de Maria Naciri 82 LES CHOIX DE... | Lino Bacco ant que À Tanger, l’union fait le Jazz 56 Actualités6 Une ouverture en apothéose. Avec un Omar Sosa fidèle à lui même, grandiose. Un final, à base de fusion. Celle de Bouhsine Fellane et Ali Keita. Un festival salué et acclamé par un public em- ballé par la qualité de la programmation. Un immense succès. ■ 704 531 dirhams, c’est la somme remise par le rallye Maroc Classic à l’association l’Heure joyeuse. En 10 ans, l’équipe du rallye a coo- lecté 5 millions de dirhams pour l’ONG marocaine. Ces fonds ont servi à la consctruction d’écoles, à la réinsertion des jeunes, etc. ■ Vous avez déjà essayé de traverser Massira à Casa un peu avant Zara ? Bon courage ! Même quand il passe au rouge, le feu reste vert pour les véhicules qui vont tout droit ! Un hommage aux couleurs du royaume ? Ou un bug administratif ubuesque. ■ Jazz au Chellah Phénoménal succès Heure joyeuse Un chèque en or La marche, sport extrême Le feu vert qui ne s’arrête jamais S Bac awards Fallait y penser ! 9rayti offre aux bacheliers de participer au « 9rayti Bac awards» pour gagner une bourse d’études ou des stages dans différentes entreprises. www.9rayti.com VU SUR LA TOILE actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 Elle est à gauche sur la photo, elle s’appelle Mouna Ayoub et elle a conçu l’imposante oeuvre en chocolat qui trône devant elle. Cette jeune pâtissière est la gagnante du quatrième concours na- tional Macao Pastor qui récompense les meilleurs chocolatiers.. ■ Miam ! L’art du chocolat S Les Lions sur le web Vous ne serez pas devant votre poste de télévision ce samedi à 18 h ? grâce à Mountakhab vous pourrez suivre en direct la rencontre Maroc – Togo. Des résultats instantanés, sur www.mountakhab.net IliasseMesnaoui/actuel AFP BrahimTaougar/actuel BrahimTaougar/actuel BrahimTaougar/actuel 7Actualités / LA SEMAINE EN IMAGES Ces manequins maquillés comme des geishas et librement ins- pirés par la démesure du style Marie Antoinette ont fait sensa- sion lors de la soirée de lancement de l’Officiel Maroc, l’évene- ment glamour de la semaine à Casablanca (voir aussi page 80). ■ Il avait décollé de Marrakech et devait atterrir à Metz... Mais entre temps ce Boeing 737-400 d’Atlas Blue a perdu une roue et s’est posé en urgence à Casabanca après avoir tourné 1 h 30 pour vi- der ses réservoirs... ■ Hamid Karzaï est bien parti pour se succéder à lui-même. Les élections du 20 août risquent d’être particulièrement chaudes dans la Mecque des Talibans. En tout cas, Washington compte tou- jours sur Karzaï pour instaurer «la démocratie à l’américaine». ■ Fashion night Geishas marocaines Ouf ! Atlas blue sans une roue Afghanistan Karzaï toujours favori Vous avez aimé TangerMed I ? Vous allez adorer TangerMed II. Le lancement des travaux de cette superproduction a été donné par le souverain mercredi dernier. L’incontournable Bouygues et quatre autres acteurs sont dans le coup.■ Marsa plus Tapis rouge pour TangerMed S Metallica ou rien Ils y croient dur comme fer et ils sont 6958 membres. Le but : réunir le plus de per- sonnes pour inviter Metallica au Maroc. Groupe Facebook : Pétition pour inviter METAL- LICA au Maroc actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 S Les Sims 3 en VF Avec la sortie du nouveau Sims 3, le forum francophone s’active, 2047 membres qui s’échangent trucs & astuces. le forum est en plein recrute- ment. http://www.les-sims3. fr/forum DR AFP ShahMarai/AFP BrahimTaougar/actuel Actualités8 actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 Undémocrateà l’ambassadeaméricaine ● LES FAITS Le ministère des Affaires étrangères du royaume vient de donner son feu vert aux autorités américaines pour la nomination de Samuel Kaplan à la tête de l’ambassade des États-Unis à Rabat. ● LE COMMENTAIRE Agé de 72 ans, cet avocat d’affaires qui est associé du cabinet Kaplan, Strangis and Kaplan P.A, est très proche du président américain Barack Obama. Il était d’ailleurs son directeur de campagne et l’un des principaux collecteurs de fonds de sa campagne dans l’État de Min- neapolis. Ce juif américain, membre influent du parti démocrate, devrait prendre ses fonctions en septembre 2009 pour remplacer Thomas Riley, qui a quitté le Maroc en janvier 2009. L’homme, qui a également occupé le poste de président de la fameuse firme Piper Jaffray Companies, semble apprécier le royaume. La preuve, il vient de charger quelques personnes de lui trouver une résidence personnelle à acheter sur Rabat. ● ET DEMAIN L’ex ambassadeur des États-Unis, proche de George Bush, a laissé des souvenirs mitigés. Autant le diplomate était très présent sur la scène nationale, positif sur le front social, (avec sa femme, Riley a passé sa législature à sillonner le pays), autant il était controversé sur le plan diplomatique, notamment à cause de ses déclarations à l’emporte pièce sur des questions de gouvernance interne. Avec Kaplan, et Obama qui semble plutôt à l’aise avec le Maroc, les milieux diplomatiques marocains se réjouissent de cette nomination. A.E.A. ● LES FAITS La plainte déposée par l’Association sahraouie de défense des droits de l’homme (ASDDH) contre le Polisario et trois généraux algériens pour «atteintes aux droits de l’homme» au Sahara a été jugée «recevable» par le Tribunal suprême d’Espagne. ● LE COMMENTAIRE La recevabilité d’une telle plainte, portant sur la disparition de 72 Sahraouis enlevés lors d’attaques menées par le Polisario dans les années soixante-dix, est loin d’être une première. On s’en souvient, en 2007, une plainte pour «génocide» avait été déclarée recevable par le même tribunal. Cette fois-ci, c’était contre 13 responsables sécuritaires marocains. C’est donc une réponse du berger à la bergère. Le plus déplorable, c’est que les faits remontent aux années 1970 alors que des dizaines de milliers de Saharouis continuent de souffrir le martyre sous le soleil de plomb de Tindouf et que, là-dessus, aucune action n’est encore envisagée. ● ET DEMAIN Alors que la guerre psychologique bat son plein, le retour à la table des négociations est remis aux calendes grecques. Or, seule une issue politique peut mettre fin à la misère des camps de Tindouf. En attendant, le drame humanitaire que vivent les populations au sud-est algérien sert de carte de pression. T.Q. ● LES FAITS Mauvais week-end pour le patron de la CDG. Samedi 13 juin, après neuf années de bons et loyaux services à la tête du bras armé de l’État, Moustapha Bakkoury a été prié de quitter sans délai la présidence de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), remplacé illico par Anas Alami, patron de la Poste. ● LE COMMENTAIRE La culture du secret qui entoure ce limogeage est maladroite. De deux choses l’une. Soit, l’ex président de la CDG a fauté, et les reproches qui peuvent nourrir la sanction doivent être simplement explicités. Soit, il n’en est rien, et c’est l’honneur d’un serviteur de l’État qui est jeté en pâture à une opinion publique gourmande des rumeurs les plus insensées. Car, de la gestion de ses participations au capital de sociétés telles le Club Med ou Vivendi, à l’avenir de Tanger MedII (dont le roi vient – hasard ? – de lancer les travaux), des contrecoups de la crise financière à l’effondrement de son résultat net en 2008, de sa proximité avec Fouad Ali El Himma à l’intronisation du nouveau DG à la tête du CIH… chacun s’en donne aujourd’hui à cœur joie. La vérité serait-elle si gênante? ● ET DEMAIN Au-delà de la personne de Bakkoury, c’est tout simplement la bonne gouvernance des groupes publics qui pose question. À maintenir un silence régalien sur les conditions d’éviction des plus hauts serviteurs de l’État, c’est tout à la fois les placer dans une inutile fragilité, et nourrir un bien inutile populisme. Y.B. ▲ MoustaphaBakkoury: quelledisgrâce? ▲ Sahara: procèsenvue DR BrahimTaougar/actuel ▲ DR 9Actualités / DÉCRYPTAGE actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 ▲ Obama1 Netanyahou1 Rabat:leras-le-bol desréfugiés ▲ Maisoùestpassé l’argentdelaBNA? ▲ ● LES FAITS C’est sous haute surveillance policière que le procès du détournement de 32 milliards de dinars de la Banque Nationale d’Algérie s’est ouvert mardi 16 juin à Alger. Douze prévenus, dont l’industriel Achour Abderrahmane, comparaissent pour «association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics, faux en écriture bancaire, escroquerie et chèques sans provision». ● LE COMMENTAIRE Achour Abderrahmane, (extradé du Maroc avec son associé Aïnouche Rabah en 2006) est soupçonné, d’avoir détourné de la BNA plus de 32 milliards de dinars (3,54 milliards de dirhams). L’affaire a éclaté en octobre 2005 à la suite d’une plainte déposée par la BNA. Selon l’arrêt de renvoi entre 2000 et 2005, l’homme a bénéficié, entres autres, d’au moins une vingtaine de prêts d’une valeur de 650 millions de dinars chacun, «sur la base de garanties souvent surévaluées». La facilité avec laquelle Achour Abderrahmane a bénéficié de tous ces crédits a orienté les enquêteurs sur des protections haut placées. ● ET DEMAIN Le procès risque d’avoir des prolongements judiciaires au Maroc. En effet, Achour Abderrahmane, patron de National Plus, avait réussi au cours de son séjour dans le royaume à faire des affaires avec des patrons marocains plutôt influents. D’où les blocages administratifs du côté marocain qui expliquent que la demande d’extradition ait traîné de 2004 à novembre 2006. A.E.A. ● LES FAITS Regroupés au sein du Rassemblement de tous les réfugiés au Maroc, des sans papiers subsahariens ont manifesté lundi devant les locaux du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) à Rabat. Revendication: leur transfert dans d'autres pays. ● LE COMMENTAIRE Le nouveau cri de colère des sans papiers subsahariens en dit long sur leur désarroi. Ces réfugiés dénoncent à juste titre des années de souffrance, d’expulsions, de refoulements et d’arrestations arbitraires…Sans papiers, ils ne peuvent accéder à l’emploi, aux soins de santé, et encore moins à l’éducation. Ils doivent également subir insultes et propos dégradants. Sous d'autres cieux, cela s'appelle du racisme. D’où les rapports peu flatteurs à l’égard du Maroc en la matière, formulés par des ONG internationales du calibre d’Amnesty International et Human Rights Watch. Pourtant la loi garantit le droit d’asile, le Maroc étant signataire de la Convention de 1951 de l’ONU sur le statut des réfugiés. ● ET DEMAIN À fin 2008, le Maroc comptait 877 réfugiés et 369 demandeurs d’asile. Le chiffre ne peut aller que crescendo à l’avenir. D’où l’urgence, notamment, de mettre en place une procédure nationale d’asile, le Maroc se référant toujours au même HCR pour trancher. Jusqu’àquand?... T.Q. ● LES FAITS Réponse de Netanyahu à Barack Hussein Obama: Israël est prêt à reconnaître un État Palestinien, à condition qu’il soit démilitarisé, et que la Palestine reconnaisse à son tour l’État juif d’Israël. Il exclut un gel des constructions en cours dans les colonies, mais renonce à «confisquer» de nouvelles terres. Si Obama salue une avancée satisfaisante, la Palestine, elle, s’offusque des propositions du gouvernement israélien. ● LE COMMENTAIRE En football, on dirait qu’après le but «maradonesque» qu’Obama a marqué en Égypte en faveur de la paix, Netanyahou égalise, grâce à un drible machiavélique, orchestré avec brio. Mais nous ne sommes pas, hélas, au football. Il s’agit d’un conflit politique. Et personne n’est dupe. En défiant la politique actuelle d’Israël, au vu et au su du monde entier, en terre musulmane de surcroît, Obama a contraint Netanyahou à réagir. Le Premier ministre israélien le fait à contre sens, à contre cœur. C’est à dire en faveur d’Obama, mais contre les Palestiniens. Mais Obama est d’une intelligence remarquable. Il s’est dit satisfait du discours de Netanyahou! Pouvait-il faire autrement? À l’évidence, non. Quitte à exacerber le double différent politique et diplomatique qui les oppose. ● ET DEMAIN Si le conflit est plus politique que ja- mais, seule la population israélienne peut faire la différence, en exigeant de son gouvernement une politique humaine, stable, juste et définitive. Les résultats des dernières élections n’en ont pas pris le chemin. C’est pour quand? S.L. DR BazRatner/AFP DR 10 Actualités / ÉTAT-MAJOR10 e Festival Gnaoua et Musique du Monde d’Essaouira, c’est un peu La Mecque des festivals du royaume. Les plus férus en font un pèleri- nage annuel. La magie qui plane sur Essaouira pendant quatre jours est le fruit d’une alchimie unique entre festiva- liers, artistes, spiritualité, festivité, océan, vents, parchemins, gembri, saxophone… et tout le reste. «Cet événement est né sans calcul, avec passion. Jamais on aurait cru qu’il allait devenir ce qu’il est aujourd’hui. On a été emporté par un mouvement». Ce qui explique pourquoi le festival de Neila Tazi est aussi envié. Depuis 12 ans que cet évènement existe, combien de fois des rumeurs ont-elles circulé sur un changement éventuel de l’équipe d’organisation du festival? Au moins une douzaine. Mais chaque année, S Pour réussir chaque année le festival d'Essaouira, Neila Tazi a une recette: s'entourer d'artistes talentueux, mais aussi de véritables professionnels de l'événementiel. Neila Tazi revient avec une nouvelle pro- grammation. Et toujours le même sourire aux lèvres… un sourire triomphant. Pourtant, les tentatives de putsch qu’elle aurait subi ont plusieurs fois fait boum dans le milieu. Mais elle ne l’avouera pas pendant l’entretien, même pas à demi- mot, peut-être au dixième (de mot), mais «ça n’engage que vous» glisse-t-elle lors d’une confession consentie avec sagesse, en bonne communicatrice qu’elle est. L'union fait la force «D’abord, explique-t-elle, nous sommes les producteurs du Festival Gnaoua et Musique du Monde». Ce qui veut dire que les droits de ce festival appartiennent à A3 commu- nication, et que personne ne peut l’orga- niser à leur place. Ensuite, «tout le monde peut faire un festival à Essaouira. Le Ma- roc appartient à tous». Autrement dit, la concurrence est ouverte. Si quelqu’un est capable de faire mieux, qu’il le prouve. Qu’il le fasse. D’ailleurs, plusieurs petits festivals se succèdent à Essaouira pendant l’année. Neila Tazi évoque l’un d’entre eux: «La ville a créé un évènement qui s’appelle Festival des Jeunes Talents Gnaoua. Les deux existent.» Mais seul l’original continue à réunir chaque année plus de 400000 fes- tivaliers. Sacrée Neila Tazi! Et sacré team aussi. Car chez A3 plus qu’ailleurs, c’est l’union et la passion qui font la force. «Si vous faites un sondage auprès des mes collaborateurs et que vous leur demandez pourquoi ils ont eu envie de travailler chez A3, ils vous répondront que c’est pour le fes- tival d’Essaouira.» Donc exit les rumeurs, si une personne peut prendre sa place, elle émergera de sa propre team… Saïd Lahlou NeilaTazi Toutlemonde veutprendresaplace Deux teams accompagnent Neila Tazi dans sa quête gnaoui: l’équipe d’organisation et la direction artistique du festival. S Sa garde rapprochée Abdeslam AlikanKarim Ziad Loy Ehrlich actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 EmmanuelRestoin Neila Tazi, aux commandes du Festival Gnaoua et Musique du Monde d'Essaouira depuis 12 ans. Les DA sont au nombre de trois: Abdeslam Alikan, maâlem gnaoua et co- créateur du festival, Karim Ziad, batteur, et Loy Ehrlich, musicien aux multiples talents, aussi à l’aise au guembri que sur un synthé. Trois femmes complètent la liste. Celles qui portent, avec Neila, tout le poids du festival sur leurs épaules. La directrice de production, Fouzia Essaoudi; Malika Kabbaj, qui gère les relations avec les partenaires; et Asmaa Ouazzani, qui travaille avec Neila Tazi sur l’esprit du festival, son contenu et sa réflexion. «Mais, conclut Neila, ma "garde rapprochée" ne s’arrête pas à ces seuls collaborateurs. Tout l’équipe d’A3 communication est concernée». ■ DR Courrier / ÉCRIVEZ-NOUS : COURRIER@ACTUEL.MA12 Notredossiersur lesavortements clandestinsa déclenchédes réactionsausein denotregroupe Facebook. 100% pour! Qu'est-ce qu'on attend pour suivre les pays les plus civilisés de la planète? C'est une simple question de bon sens et seule la bêtise et la lâcheté empêchent de voir la réalité en face. Au lieu de nous cacher derrière de faux prétextes hypocrites – idéologiques ou autres – soyons plutôt pragmatiques et inspirons-nous des meilleures législations qui existent... OmarK. Légaliser l'avortement c'est donner aux femmes le choix de décider si oui ou non elles veulent d'un enfant. Un enfant à assumer, à élever, à éduquer, à nourrir et à aimer. Or les conditions de vie de certaines femmes, autant au niveau matériel qu'au niveau affectif, leur âge aussi, peuvent faire que la venue au monde d'un enfant ne soit pas désirée. Il reste toutefois important de bien faire comprendre la lourdeur psychologique de cet acte et de s'assurer qu'il relève bien d'une nécessité... SelmaZ. Absolument, il faut légaliser l'avortement! C'est à la femme de décider si elle veut garder le bébé ou non, surtout dans des cas comme l'inceste ou le viol. Pourtant, ce n’est pas facile de prendre une telle décision pour la femme vu les perturbations psychologiques qui l'accompagnent... Le sentiment de culpabilité ou de regret est difficile à supporter, ces femmes ont besoin de soutien psychologique. Côté Islam, je ne crois pas que la religion interdise l'avortement quand il s'agit de la santé de la femme ou dans des cas Réagissez à nos articles dans le groupe «actuel, l’es- prit ouvert… sinon rien!» sur Facebook. extrêmes. J'ai déjà vu une émission avec un Cheikh! Si j'ai une bonne mémoire, il a dit que l'Islam n'était jamais contre la science, et l'avortement peut se faire les 3 premiers mois... C'est une mentalité qu'on doit changer, casser ces tabous et cesser de juger l'autre. MahassinTayoubi Bien sûr qu'il faut légaliser l'avortement. Aujourd'hui, ça se fait dans des condi- tions terribles qui conduisent parfois à la mort. Et les femmes, quoi qu'il leur arrive, n'osent pas parler et dévoiler les crimes commis envers elles. C’est vrai que cela va susciter le mécontentement de certaines personnes qui préfèrent adhérer à la politique de l'autruche en disant que ça n'existe pas dans un pays musulman, alors que ça existe déjà et dans des conditions qui déshonorent le Maroc et l'Islam. Ces derniers doivent comprendre que, qu'on le veuille ou pas, l'avortement est déjà pratiqué dans ce pays. Légalisons-le pour le respect de l'individu et de l'humanité! SakinaRochd À qui faut-il rappeler que l’avortement est interdit par la religion. C’est 7ram, sauf si la vie de la mère est en danger. Et puis, sans considération pour la religion, légaliser l’avortement c’est encourager les filles sans pudeur à faire tout ce qu’elles veulent. Les gens deviennent de plus en plus irresponsables, ils ont des relations et si les filles tombent enceintes, ce n’est pas grave, «il y a l’avortement»! Après, on se demande pourquoi la société s'effondre alors que sa base, la famille, n'existe plus. Pour les femmes violées, ce sont des victimes, je suis d’accord, mais ce n’est pas une raison pour tuer leur enfant. D’ailleurs, il y a maintenant des associations qui s’occupent d’elles et de leur bébé… Allia IStockphotopouractuel actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 Dossier14 Abdelillah Benkirane et Fouad Ali El Himma, les deux éternels ennemis ont-ils vraiment enterré la hache de guerre ? 15 Mariage impossible? PJD-PAM S Le vote pour le PAM n’a pas tout écrasé mais presque…Dans les douars, la moisson du tracteur a été prometteuse alors que dans les villes, ce sont plutôt les islamistes qui ont raflé la mise. La victoire de ces deux formations inquiète le landerneau politique. Dossier / COMMUNALES actuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 L e 12 juin, le Parti Authenticité et Modernité n’a pas encore fêté ses six mois d’existence que cette formation va rafler haut la main 6.015 des 27.795 sièges à pourvoir, soit 21,7% du total coiffant ainsi sur le poteau tous les partis historiques. Sur les plateaux de télé samedi soir, les leaders de la majorité et de l’opposition se sont disputés l’inter- prétation des résultats du scrutin. Forts de leurs succès, les ténors du PAM ont voulu y voir un « vote sanction » contre les par- tis au gouvernement. Pour leur part, les leaders de la majorité ont cherché à minimiser la victoire de ce parti. Surtout que l’Istiqlal, traditionnellement fort dans les communales, n’a pas réelle- ment démérité. Le parti, qui avait connu un léger recul au cours des élections de 2003, récupère en 2009 son niveau de 1997 puisqu’il s’en est tiré avec 5.292 sièges, ce qui équivaut à 19% du total. Quant à la gauche, elle est toujours en chute libre avec des résultats plutôt médiocres et surtout une représentativité nulle dans des régions comme Tanger. L’USFP avec ses 3.226 sièges se retrouve avec à peine 11,6% des postes. Pour un parti qui a sou- vent trôné en tête du peloton, l’échec est plutôt douloureux. Comment expliquer la victoire du PAM qui vient juste de fêter son baptême ? En pleine bataille électorale, tous les adver- saires politiques de ce parti ne se sont pas privés de dénoncer des pratiques que l’on croyait révolues. Ce qui est sûr, c’est que les candidats d’El Himma ont usé d’énormes moyens finan- ciers alors qu’ils sont nombreux à avoir été accusés d’avoir procédé allègrement à l’achat des voix. Même les Rhamnas, où se présente le fondateur du Parti, Fouad Ali El Himma, ont été l’objet de vives cri- tiques des candidats adverses. Pour décryp- ter ce tsunami électoral, les explications ne manquent pas mais la plus logique est celle qu’avance un cadre du parti, qui actactuel / Semaine du 20 au 26 juin 2009 〉〉〉 MAPetAICPress
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